lundi 15 mars 2010

Vientiane et le centre Laos

Direction Ban Tha Heua. Un village de pecheur au Nord d'un lac artificiel.

Je veux voir 2 choses :
- le lac et observer les "ramasseurs"de tek qui viennent recuperer les tonnes de bois enfouies sous les eaux. Puis traverser le lac a bateau pour rejoindre la route descendant vers Vientiane.

- la Saisombun Special Zone qui abrite : l'ancienne "ville secrete" de la CIA dans laquelle ils formaient les Hmongs a la guerilla contre les Vietminhs; et la plus haute montagne du Laos qui est le proie des interets capitalistes d'une societe Australienne de mineraie, creusant a pleine dents dans la roche. Une mine a ciel ouvert.


Pourtant je ne verrai ni l'un ni l'autre. Je ne comtemplerai que mon echec a sortir des rails. Pour le village, aucune personne ne parle anglais. Apres une dizaine de tentatives pour traverser le lac, on me sort des prix exhorbitants de 40$ pour 2heures. Hors budget. J'abandonne. Et pour ce qui est de la Special Zone, apres discussion avec un chauffeur de cette fameuse mine, elle est bien evidemment inaccessible aux touristes. Rien a voir, et elle est a 10h de route...vers un endroit ou aucune guesthouse ne s'est apparement installe. Temeraire peut etre, mais pas asez aventurier. Je suis seul et je manque de panache pour faire un tel saut dans l'inconnu.


Je patiente donc aupres de la route pour sauter dans le premier taxi collectif que je vois. 30minutes apres, voila mon sauveur. Je paie comme les locaux, mais ca dure comme pour les locaux. Et les Laos ont une notion du temps bien differente des touristes. Et pourtant j'adore ce trajet. Je suis pied nu, a l'air libre, je peux prendre des photos, je peux sourire aux Laotiens. Je suis bien mieux que dans mon bus climatise a regarder le Laos par une vitre.


La capitale. Vientiane en vue. Le guide indiquait pourtant des risques entre Vang Vieng et Vientiane. Quels types de risques? Des attaques de bandits. En lisant ca, personnes n'y croyait. Tout le monde s'est attarde sur les lignes indiquant une route chaotique.

En effet la route n'est pas ideale, mais on est loin des pistes et route de graviers qu'on peut voir dans le nord a Vieng Poukha.

Bien evidemment, pas d'attaques de diligence ou de braquage d'hommes masques. Nous arrivons a bon port dans la grande ville, qui comme la majeure partie des villes importantes du Laos, borde elle aussi le Mekong.

Le train train habituel. Nous sommes lache a la gare routiere, qui se trouve a...7-8km du centre. Donc apres un tuk-tuk pour aller a la premiere bus station de Vang Vieng, on en reprend un pour relier Vientiane. Ce petit menage double les prix des deplacements. On paie en general autant en tuk tuk qu'en bus. Mais pour le coup, tout le mond est au meme regime. Touristes blancs, noirs ou asiatiques, ou locaux. On sort tous le meme nombre de billets.


Premieres impressions sur la ville. Chaude, sans air mais avec des voitures, peu de guesthouses, cher, pas grand chose a voir, pas de charme comme a Luang Prabang ou de montagnes comme a Vang Vieng. Le dortoir est pris. Je visite en marchant librement dans la ville. Apres quelques heures. Le feeling ne vient toujours pas. Decidemment, je n'accroche pas. Ce sera donc une halte rapide. 1.5jours suffiront pour me faire une idee.


Des travaux sont en cours pour ammenager les bords du Mekong qui est totalement masque par une immense dune de sable. Aux detours de rue, je tombe sur un immeuble abandonne, repere des taggeurs de la ville. Je vois l'art de rue de Vientiane. Dans toutes les parties du monde, les citadins ont besoin de s'exprimer d'une maniere ou d'une autre. Ici la colonisation et le communisme se taillent une bonne part du "gateau mural". Mais les contrastes de couleurs sur fond decrepis sont toujours efficaces. Cette petite fille avec son parapluie est comme sorti d'un dessin anime.

En quittant ce batiment, je tombe ensuite sur MAG pour Mine Advisory Group. Une ONG Britannique qui aide le Laos a deminner les UXO (Unexploided Ordnance) qui regroupe toutes les mines, bombes a fragmentation et autres missiles non exploses qui polluent et ravagent le pays. La carte parle d'elle meme. Le Laos est le pays le plus bombarde au monde. Pourtant il n'etait pas en guerre, du moins pas clairement. Il a simplement souffert de sa proximite geographique avec le Vietnam. Resultat, ce qu'on appelle le Ho Chi Minh Trail, qui passait par l'extreme Est Laotien, a ete tout simplement noye par les B-52. Une pluie incessante de bombes.


Je suis muet devant pareil "surprise". Je connaissais le sujet en l'ayant lu dans le guide, mais pas a ce point la. Pas ce que j'ai sous les yeux. Je lis chaque panneau. Je fais une donation pour nettoyer un maigre 14metres carre de territoire. Et je repars le coeur un peu au bord des levres. Je ne sais pas quoi penser. Mepriser les Americains une fois de plus pour leur sale politique etrangere? Non je plains l'Homme et ses derives. Voir comment on peut saccager un pays et son peuple, l'empecher de cultiver sa terre et l'enfermer dans une terreur quotidienne. Je suis encore plus admiratif devant les Laotiens, et leur histoire. Ils sont forts, humbles et chaleureux. Des qualites encore plus admirables apres pareil histoire.


Je repense aussi a mes visites prevues dans le Sud, dans cette fameuse region noyee de points rouge. Il va peut etre falloir revoir ma copie.

Mon depart pour Tha Kaek, a 6h de bus, se fait le lendemain. Pourquoi Tha Kaek. Pour faire un stop avant le sud et eviter les 20h de bus, et pour voir un site qui semble moins bondes de touristes. Le bus est d'ailleurs rempli de Laotiens et de moi. Certains rient en me voyant, d'autres me regardent avec moins d'interet. Quelques rares me scrutent plus intensement. Je souri, pas de reaction, je baisse le regard.

Cette fois ci, la gare routiere n'est qu'a 3.5km. Je le fais a pieds pour aller dans la bien nomme Tha Kaek GuestHouse. Et la je souffle. Quelques backpakers. Je ne suis plus seul. Je me sens tout de meme mieux. Un livre d''or enorme est rempli de 1000 histoires de voyageurs. Du loop en scooter ou a pied, des visites en bateau des cavernes alentours. Je lis pendant 30minutes avant de me faire mon propre trace. Ce sera 1j pour 1 grotte. 18km aller, pareil pour le retour. En partant tot ca se fait bien. Reste simplement a eviter la chaleur de midi.


Depart le lendemain a 7h45 apres avoir rempli mon sac d'eau et de sucres. L'aller se fait facilement. Il fait chaud, mais c'est toujours supportable. Les 18km sont tout de meme plus longs que ce que je pensais. Le retour va pas etre marrant.


Et voila la grotte. Elle est ridiculement petite. Pendant les quelques 10minutes que durent ma visite, je suis litteralement colle par un Laotien qui ne parle pas anglais et qui barragouinnent des mots manifestement pas en Laos. On dirait un moine ladyboy. Je suis, je dois l'admettre, un peu perturbe par une personne pareil dans un lieu si recule et si religieux. Il me suit. Je commence a m'enerver car mon langage des signes devrait suffire a lui faire comprendre ma gene.


Apres 500m, il abandonne la poursuite. Je refais le plein d'eau et j'attaque le retour. Il est 11h, la grotte ne valait pas le coup mais une longue marche dans la campagne de Tha Kaek est une recompense suffisante. Enfin un peu d'exercice, et rien ne vaut la marche.

On me propose de me prendre en mobilette ou en camionette. Je refuse en souriant. J'ai decide de le faire a pied, abandonner a la moitie du chemin prevu n'est pas acceptable. Mais en declinant, le soleil tape tout de meme pas mal.

Les derniers 5 km sont vraiment durs. Alors que je souhaite maintenant que certains s'arretent pour me ramener, plus personne ne me considere. Tant pis, ca sera du sport.

Et voila, je suis atable a un restaurant type "chaise en plastique", cheap mais bon. Je commande une Beerlao. Je bois quasi les 650ml cul sec. Le fried rice arrive. Les calories arrivent rapidement dans mon corps. Je me sens mieux. Deuxieme biere. Je me sens encore mieux. Il est 15h, je me dirige vers ma guesthouse pour une sieste bien meritee. A la reception je croise un Francais que j'avais vu dans le Nord du Laos. Il traverse le pays a velo, du Nord au Sud. On va aussi vite apparement pour faire le pays, ca me surprend.

Au final je passerai la soiree avec un lui et un autre Francais qui lui vient de Singapour a velo et va de ville en ville en demandant l'hospitalite. Il dort chez les moines dans les temples. Il nous racontent certaines histoires assez droles. Je suis admiratif devant eux. Il font quelque chose de beau. Traverser un pays a velo. Ca me donne envie. Je commence a penser sérieusement a faire quelque chose de ce type. Pas a velo, mais un long trekking dans un pays. User de me pieds. Purifier mon esprit par l'exercice physique.

Et voila la soiree se finit apres avoir echanger sur la geopolitique, sur le but de nos voyages, sur comment on s'est forge chacun avant d'etre aujourd'hui atable ensemble. Deux bonnes rencontres qui apportent encore un peu de contenu a ces 6 mois. Mais encore un "Peut etre a bientot. Bon voyage". Tout ca apres quelques heures de discussion.

Tha Kaek aura aussi ete le lieu ou j'aurai rencontre un Sud Coreen, qui apres de longs echanges sur son pays, aura donne envie de voir son pays. Voir Seoul qui je suis sur, possede des airs de futur. De Neo-Tokyo.

Je pars le lendemain pour Pakse. A 120km de la frontiere Cambodgienne. Programme, faire la boucle du Plateau de Bolaven et ensuite aller aux 4000 Iles.

3 commentaires:

  1. ton récit est angoissant, il me semblait tout le long que tu allais annoncer qu'il t'était arrivé quelque chose. Le coeur serré, je me suis grillée une clope au milieu de la lecture puis j'ai continué. Mélange de solitude, d'appréhension et de découverte (pas toujours très gaies)...
    sarita

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  2. mais, un article a disparu !?

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  3. On s'est habitué à voir tes récits ponctués de belles photos.... tu m'as mise en appétit avec tes belles descriptions. vivement les meilleurs connexions que l'on puisse avoir à nouveau de petits aperçus des décors que tu traverses.

    Emilie

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