lundi 1 mars 2010

Premiers contacts avec le Laos

Passage de la frontiere via le Mekong. Ca change de ces douanes conventionelles. Une rive pour la Thailande et l'autre pour le Laos. Le visa est obtenu en 5minutes. Duree maximum 30jours.

Un petit groupe de francais s'est forme. Nous sommes 5. 2 couples (dont 1 que j'ai rencontre en partant de Chiang Mai) avec qui nous allons chercher une guesthouse pour la nuit.

Nous sommes a Huay Xai, poste frontiere Laotien et nous partons demain pour Luang Prabang pour certains et Louang Nam Tha pour d'autres.

Deja on commence a voir par ci par la des inscriptions en Francais, des formes de panneaux connus, des plats typiques de l'hexagone. En quelques metres le Laos nous parait deja tres acceuillant.

A cela s'ajoute notre hote qui a fait ses etudes a la Sorbonne pendant 3 ans et qui semble connaitre mieux la France que moi. Decidemment, on trouve toujours des choses surprenantes en voyageant.

Nous sortons en groupe pour aller a une fete organisee en l'honneur des moines de la ville. Cela arrive 3j dans l'annee. C'est en fait une fete forraine avec des ballons, de la musique et de la nourriture. On est heureux, on va danser avec eux un peu ennivre par leur beerlao qui couvre 99% du marche local.

Belle premiere soiree. Je n'aurais pas eu l'occasion de faire cela en Thailande, et apres quelques heures aux Laos je dansais avec les villageois.

Apres conseils de notre hote au sujet des trekking, nous nous arretons a Vieng Poukha, sur la route initiale, et la depauysement total. Le bus local nous avait deja mis en bouche, mais le lieu ou nous arrivons est totalement different de tout ce que j'ai deja vu.


Tout est simple et sommaire, austere et poussiereux. Mais malgre cela on ne sent pas de misere. La ville est assez petite pour conserver encore cette solidarite entre les gens. On voit que les sourires sont plus difficiles a gagner. Nous ne sommes clairement plus en Thailande. Les enfants sont mefiants, presque craintifs. Dans notre guesthouse, nous n'avons de l'electricite que pendant les heures sombres, tout cela alimente par une helice placee dans la riviere. Je reserve mon trekking de 3j pour le lendemain avec Gwen et Emilie, le couple de Francais de Chiang Mai, et Alexis un autre francais croise dans l'agence.



Au final nous sommes 6 (avec un couple de Neerlendais) auquel s'ajoute 1 guide et 2 porteurs. Nous croisons les doigts pour avoir un guide agreable, parlant anglais et voulant nous faire decouvrir son pays. Le trekking est un eco-tour, donc notre depense aidera les villageois que nous allons rencontrer.


Assez rapidement le contact se fait avec Sikham, notre guide. Cet homme de 46ans et un vrai personnage. Le rire facile, attentif et surtout un fin connaisseur de sa foret. Il connait les arbres, nous montre les fleurs et les herbes, coupent des feuilles pour assaisonner les plats. En l'espace de 3jours nous aurons droit a : des bols en bamboo que nous garderons pendant les 3j pour manger, des petits verres de shots pour boire le lao-lao (l'eau de vie locale), une arbalete en bamboo, un piege pour les cochons sauvages, des pics pour frire nos babanes et ....la reparation de la porte de notre bungalow en live en quelques minutes. C'est un vrai MacGyver qui nous accompagne.

Le trekking est assez tranquille. L'idee n'etant pas necessairement de s'ecrouler de fatigue le soir, cela convient a tout le monde. Nous escladons un pic a 2000m pour avoir une vue sur le NPA (National Protected Area) de Nam Tha. On est tous humble devant le paysage. On realise qu'en l'espace de quelques jours nous sommes passes de Chiang Mai et ses bars aguicheurs a ca. Des montagnes a pertes de vue, de la nature pure, un coucher de soleil, et puis toujours ce guide souriant et farceur, n'arretant pas de nous dire "Be carefull" et riant de plus belle.

Apres la premiere nuit dans le bungalow, et notre 3eme repas fait de sticky rice et d'haricots, nous partons pour le village Khmu et y dormir. Je regrimpe vers la montagne tot dans la matinee pour avoir une derniere vue de ce magnifique parc.


La marche est toujours ponctuee de petits instants nature, expliquant que cet arbre est bon contre la malaria, que celui ci est bon contre les moustiques...on sent, c'est comme de la citronelle. Et on commence a comprendre les signaux. Quand Man (l'un des porteur) va couper des feuilles de palmiers, c'est que nous allons manger dans peu de temps.


Cette fois-ci, nous apprenons comment trouver les bamboos contenant des vers. Il suffit de regarder attentivement les trous dans le tronc. Apres quelques coups de machette efficace, voila que Man a les mains remplis de vers, que nous allons deguster ce soir au village. Le moment est la encore d'une sincerite incroyable. Sikham prend plaisir a nous montrer ca, il rit et nous fait rire.

L'arrive au village nous touche tous d'une maniere differente. Nous croyons avoir vu de l'austerite a Vieng Poukha, ici nous sommes loin du "luxe" d'hier. Pas d'electricite, certains enfants sont nus, d'autres a habilles de vetements trop grand, de casquettes recuperees. Mais tous ont dans leur yeux une espece de fascination de voir des fa-lang, le mot pour appeler les Francais, et qui est aujourd'hui utilise pour tous les blancs.
Ils sont une foule, a courrir, rire, crier, chanter. Notre bungalow est a l'ecart du village pour ne pas contrarier la vie du village, mais leur Arbre est juste a cote. C'est comme un arbre magique, un refuge pour tous ces enfants qui eux grandissent trop vite. Je pense a Peter Pan, mais je sais que c'est justement l'inverse. Ils escaladent a une vitesse ahurissante ces branches pour monter jusqu'a 15m, 20m. Et lorsque je veux monter avec eux, penetrer dans ce lieu particulier, je realise qu'ils ont peur. Que je les fais pleurer.


Je les laisse venir vers moi. Apres quelques heures, l'un d'entre eux accepte enfin un contact physique sans crier et paniquer. Les doigts se touchent et les autres regardent comme fascine.


Le village rassemble une centaine de personnes, et 3 chefs du village gouvernent a cette petite communaute. Tout se partage. Des qu'on tue un porc ou un poulet, tout le monde est convie pour profiter de ce moment particulier.

Sikham ne parle pas Khmu, il ne peut donc communiquer qu'avec ceux parlant Laos. Il semble toujours aussi heureux d'etre la, mais parait parfois nostalgique, songeur.

Ce soir nous tuerons un poulet. Chacun de nos repas se composait de le meme chose et lorsque certains avaient envie de se plaindre, on se souvenait que Sikham et les autres ne se nourrisaient que de ca, depuis leurs premieres annees. Pas de luxe de manger de la viande tous les jours, de manger assaisonne. Mais ce soir au village, nous aurons du poulet. C'est un vrai festin qui se prepare. Sikham met la main a la pate, c'est lui qui egorge le poulet, sans jeter au prealable un bout de riz au dessus de son epaule pour remercier les esprits.

Nous demandons expressement a Sikham, Seun et Man de se joindre a nous pour le repas. Ils ne semblent pas habitue a ca, mais le font avec plaisir.

Sikham va chercher une bouteille de lao-lao (qu'il paie de sa poche nous l'apprendrons plus tard d'autres trekker n'ayant pas eu de bouteille), et rempli nos verres de shots en bamboo. Les rires viennent encore plus facilement. Son "Be carefull Sep" me fait de plus en plus rire. Car pour simplifier la chose je lui ai dis de m'appeler "Seb", qu'il finira par prononcer Sep. On s'entend bien. Je pense qu'il m'apprecie. Il me pose des questions, trinque, touche ma barbe, s'adresse directement a moi...Il doit voir la curiosite et l'envie de partager dans mes yeux.

Je finis de prendre quelques photos. Les enfants sont demandeurs, je ne me prive pas. C'est un regal pour le coeur et pour les yeux. Chaque sourire vaut de l'or.

Pour les remercier, avant de partir le lendemain matin, nous leur offrons chacun un vetement qui seront confie aux chefs du village. Le geste est apprecie. Sikham nous le dit.

Derniere ligne droite avant le retour sur Terre. Pour ma part je ne veux pas que ca finisse. D'autres commencent a saturer le sticky rice et les lits durs. D'autant que dans les montagnes il fait extremement froid la nuit.

Une fois de retour a Vieng Poukha, je demande a Sikham de me mettre son adresse. Je lui enverrai des photos de lui et des enfants, en esperant qu'il fasse la commission. Un questionnaire nous ai donne pour noter le trekking et le guide. L'avis est unanime, ce fut une experience unique. Nous sommes d'ailleurs tous un peu joyeux, du a la bouteille de lao-lao qu'il s'est procure dans le dernier village. Sikham est un gros buveur, et nous trinquerons pour la derniere fois dans la voiture sur le trajet retour.

Ces 3jours representent a ce jour la plus belle experience que j'ai pu avoir en 2 mois. Je n'ai pas pu aborder tous les moments que j'ai vecu la bas, tous comme toutes les photos que j'ai eu la chance de pouvoir prendre. Je completerai tous ca en revenant!!

16 commentaires:

  1. Que d'émotions mon cher Seb. Je prends un peu de temps pour t'écrire ce matin, car à chaque fois je me dis qu'il faut que je t'écrive et je ne le fais pas, soit parce que je me lève tard et je dois aller bosser dans le nouvel appart (j'ai pris quelques jours), soit parce que je ne suis pas seul, soit parce qu'au contraire je me lève tôt et qu'il faut partir bosser, monter dans la roue et jouer au hamster, c'est à dire tourner, tourner, sans arrêt, pour que la journée se passe. Oui, forcément, à te lire, on se dit qu'on n'arrête pas de faire la même chose, tout le temps ici. Bon, une remarque quand même : c'est quoi cette barbe effrayante ! :) Tu m'étonnes que les petits enfants pleurent au début quand ils te voient. Moi aussi j'aurais peur.
    J'ai particulièrement apprécié ta rencontre et ta complicité avec Sikham. C'est marrant, j'ai ressenti vraiment quelque chose, comme lorsque deux inconnus se rencontrent et parviennent à échanger quelques instants et qu'ils sentent que le courant passe. Que c'est agréable. Les mots sont certainement plus ridicules que la réalité, pour une fois.
    Tes photos sont agréables à regarder, même si je me doute qu'il y en a des tas d'autres encore plus intéressantes que tu nous feras découvrir à ton retour. J'essaie de me mettre à ta place et de ressentir ce que tu ressens. Ce n'est pas facile, parce que tu décris des choses qu'on n'imagine que dans les bouquins ou en regardant Arte.
    En te regardant avec ta grosse barbe, parfois je souris en imaginant ton retour. Parce qu'ici, ce n'est pas la jungle de bambou et autres (quoique je songe en mettre sur mon futur balcon !), mais retrouver l'effervescence de la ville, la pollution, le monde partout qui te rentre dedans si tu ne fais pas attention, les agressions verbales de l'automobiliste quand tu n'as pas tout de suite démarré au feu vert, et les klaxons quand un conducteur a attendu plus de trente secondes de son temps précieux de merde... Tu vas pouvoir revenir à cette réalité ? Je me demande à quel point cela va te changer... Parfois, ça me fait peur. J'avoue. C'est ridicule, mais j'ai peur que tu changes tellement que j'aie l'impression de parler à une sorte de roots et qu'un gouffre se soit creusé entre nous. J'espère que tu comprends ce que je veux dire. Pas évident à formaliser par écrit.
    Je suis assis sur ma chaise, le clavier posé sur les jambes. Je fume quelques cigarettes en toussant (de plus en plus). J'ai pris ma semaine, mais je dois retourner bosser ce matin parce que je ne peux décemment pas manquer une réunion importante. J'entends les oiseaux se réveiller et les mouettes qui viennent du port de l'Arsenal. Timotee Ferris dit qu'il y a quelques petits trucs qu'on doit emprunter aux grands voyageurs, même si nous ne parcourons pas des milliers de kilomètres : être là où l'on est au moment où l'on y est. Je suis sûr que tu comprends.
    Je t'embrasse et vais me doucher.
    A très bientôt.

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  2. Tu parles de "retour sur Terre" ; c'est exactement ça. En faisant ce treck, je me suis souvent demandée si j'étais encore sur Terre, si nous étions bien sur la même planète. C'est déconcertant! Je me suis rendue compte du décalage incommensurable.
    Et tous ces sourires d'enfants... C'est peut-être finalement la plus grande richesse des laotiens.

    Bref, j'ai pensé à toi en faisant ce treck en me disant qu'il ne fallait absolument pas que tu manques ce moment.

    Concernant ta barbe : les rasoirs sont pas chers au Laos ;-).

    Bises.

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  3. Tu ressembles à l'acteur de into the wild.... :)
    Mange pas trop de baie sauvage quand même!

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  4. Allez j'me lance: voyant comme tu écris bien je n'osais pas jusque là te laisser une petite note.
    C'est toujours un plaisir de te lire, de ressentir certaines émotions au travers de tes dires et de tes photos.
    En stagnant à Lille, ton blog ne donne qu'une envie en l'ouvrant régulièrement: PARTIR!
    En attendant de pouvoir me lancer à mon tour, seule ou accompagnée, je me contente de vivre une part d'aventure par procuration. Merci...

    Je t'embrasse.

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  5. Impossible de ne pas fr de commentaires sur ta barbe... imagine pour ces pauvres enfants un barbu et blanc! Merci pour le partage de cette belle expérience.
    Et concernant ce que dit K., je ne pense pas qu'un tel gouffre se creusera.Seb aura l'expérience d'un ailleurs différent, mais toi tu as le souci de prendre du recul et du temps de réflexion sur ce que tu vis: les échanges de point de vue seront tjrs possible...

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  6. Je vais peut être paraître bizarre mais je maintient que j'adore la grosse barbe, elle adoucit le regard et est signe de bonhommie !!!

    C'est une très belle expérience que tu relate avec beaucoup de sincérité et tout comme les 5 autres personnes qui ont laissé des pensés sur ce blog je peux pas m'empêcher de rêver à te lire et l'être égoïste que je suis ne peut pas s'empêcher de comparer, et avec beaucoup de nostalgie (peut être que d'écouter Tom Waits en même temps n'aide pas du tout) penser à toi à tes escapades, à cet espace qui se crée, et aussi à tout ce que je pourrai percevoir à nouveau dans tes yeux à ton retour. C'est très émouvant j'avoue, un peu trop pour le coeur en chou-fleur que je suis ;)

    Sarita.

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  7. Sarita, tu vas nous faire pleurer :)

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  8. Plus je te lis, plus je me souviens de ton "roman".
    C'est fou, cela pourrait être de la fiction. Et de savoir que tu vis vraiment tout cela...
    Cela me fait penser au périple d'Endymyon quand il voyage de monde en monde.
    Oui c'est cela, c'est comme si tu étais sur une autre planète. Quel plaisir de voir qu'on peut encore trouver des coins presque intouchés par l'homme comme cela. De vivre pour un bref moment comme d'autres ont vécus 200 ou 300 ans avant nous.
    Ou en es tu dans tes pénsées vis à vis du retour?

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  9. Mmm une petite interrogation me vient quand même : le plaisir, c'est de voir d'autres cultures ou de voir des gens qui vivent comme nous il y a 300 ans ? Parce qu'en réfléchissant bien, notre société actuelle n'est pas forcément si négative en tout point : on a des toilettes chez soi pour faire caca et on peut tirer la chasse, tu peux faire l'amour le soir dans le noir ou avec la lumière parce que tu as l'ELECTRICITE, tu peux prendre des bains et sentir bon parce que tu as l'eau CHAUDE... J'en ai des tonnes d'autres.

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  10. humm... oui c'est aussi un petit retour aux sources qui s'avère très introspectif. C'est vrai qu'on devait vivre de la sorte il y a 300ans mais maintenant les technologies s'imposent à nous comme une évidence. Mais je pense qu'on en doute, on est pas tout à fait convaincu que ça nous apporte du bonheur et on va en chercher dans des contrait ou la simplicité est ce qu'il y a de plus beau autant dans les expériences que dans les rencontres.

    sarita.

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  11. désolée sinon, christophe d'avoir failli te coller la larmichette... j'écoutais tom Waits en regardant la bouille seraine de Séb et en lisant ses histoires, que je me suis sentie toute émue alors ça s'est lu à travers mes mots!!! promis la prochaine je te collerai un fou rire!!!

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  12. Pour le coup la petite Sarah a bien explique comment je vois la chose. Cést autant le plaisir de retomber a des plaisirs simples comme manger des vers pendant le repas, ou avoir de la sauce avec du riz; que de voir un homme pret a rire aussi facilement alors que son quotidien est "objectivement" moins rose que le notre en France.

    C'est un peu tout, la nature, l'humain, la nourriture, l'exotisme et bien sur le fait qu'il ne dure que peu de temps.

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  13. Je suis certain que cette expérience est magnifique et je comprends bien ce que tu veux dire quand tu parles du sourire, de la complicité, etc. D'ailleurs, j'espère bien que tu nous (pour ne pas dire "me") raconteras tout ça, photos à l'appui. Car ces paysages que l'on voit à travers tes quelques photos semblent magnifiques. On ne peut qu'imaginer de notre côté ce que tu nous montres, alors que toi, l'expérimenter, ça doit être quelque chose.

    En revanche (car il y a toujours un mais, n'est-ce pas ?), je ne suis pas certain d'être vraiment d'accord avec ce que je lis dans ces commentaires. En quoi est-ce un plaisir de manger des vers ? Je comprends le coup de la sauce dans le riz quand tu as eu plusieurs repas avec du riz nature. Mais le coup des vers. A part pour l'expérience, je ne vois pas trop... A moins que tu ne me montres que de retour sur Paris tu prendras du plaisir à ramasser des vers par terre pour ton dîner, je reste encore assez convaincu que tu leur préfèreras de bonnes aubergines, des tomates fraîches, une mangue, que sais-je encore.

    Ensuite, peut-on vraiment dire que les "pauvres" d'Asie, qui vivent, d'après ce que tu me dis, dans une relative misère, sont plus heureux que nous ? Ca me rappelle une amie de mes parents, riche et qui ne travaille pas, qui est partie dans un pays d'Afrique. Lorsqu'elle est revenue, elle nous racontait ses nuits à même le sol, dans des cases poussièreuses, où il fallait aller faire caca au loin et où on allait chercher l'eau dans le puits du village (quand il y en avait). Elle s'extasiait encore en nous le racontant, ponctuant ses phrases de "ah comme ils savent vivre, eux ! Comme nous sommes bien pauvres finalement !". Elle qui venait avec sa porsche, déguster un chocolat chaud au Fumoir, face au Louvre. Elle qui a fait, certes, une expérience qui remet les idées en place (mais plutôt parce que cela nous permet de relativiser notre misère lorsqu'on se plaint - quoique je doute qu'on puisse une seule fois parler de misère dans son cas), et qui malgré tout savait qu'elle allait revenir dans sa belle maison, avec sa belle piscine, avec son mari qui rapportait suffisamment d'argent pour qu'elle n'ait à se préoccuper de rien... C'est un peu rigolo d'entendre "ah comme ils savent vivre là-bas !", tu avoueras.

    J'ai passé une excellente soirée en couple samedi soir, au café de l'industrie. Une soirée imprévue où j'avais décidé d'inviter. On a bu plusieurs verres de Chinon, déguster du Cantal, une bonne andouillette et un mouëlleux au chocolat. On a discuté, rit, tout cela à deux, les yeux dans les yeux, pétillants. On a parlé de toi, de ton voyage, de nous, on s'est projeté dans l'avenir, on s'est regardé avec ces regards qui sont comme des baisers... Est-ce que je ne me suis pas senti heureux moi aussi ? Est-ce que ces gens que tu croises dans ton voyage n'aimeraient pas aussi pouvoir faire cela ? Si tu me réponds un non ferme et définitif, alors je pense que tu as annihilé de ton esprit tout un tas de plaisir sur Paris. Et je pense qu'on peut avoir la même philosophie que tu rencontres là-bas, ici. Sauf qu'ici, c'est une grande ville occidentale, alors tu as forcément plus d'égoïsme. Mais force est de constater que ceux qui sont pauvres aujourd'hui, regardent les occidentaux parfois avec envie et reproduisent le même schéma...

    Tu vois, je n'ai pas changé, il faut toujours que je foute ma merde :)

    Au plaisir de te lire très vite.

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  14. (Excuseras-tu toutes mes fautes ? Je ne me suis pas trop relu...)

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  15. Pour ce qui est des fautes, je ne vais pas jeter la premiere pierre....je sais que tes idees sont claires et sans fautes. Les mots sont certes primodiaux mais selon moi moins importants que les idees (je te laisse rebondir sur cette perche : et comment exprimer ses idees sans des mots tres clairs et choisis...)

    Pour ce qui est de ton long commentaire. Je te rassure, je ne deviens pas le roots que tu peux imaginer, avec la barbe et le boubou a critiquer notre societe artificielle et superficielle, capitaliste outranciere. Du moins je ne le deviens pas plus qu'avant sur ce dernier point. Comme tu dis, l'homme se dirige un peu partout a travers le monde vers ce fonctionnement qui conduit au gaspillage de tout, des ressources, de la nourriture...C'est triste a voir, mais encore plus difficile quand on veut l'empecher.

    Toutefois, je suis tout de meme un peu plus ouvert je le pense sur notre chance d'etre Francais, riche, blanc, a qui on ouvre toutes les frontieres sans soucis . Je deviens aussi plus clair sur le fait que se plaindre sera peut etre moins frequent a mon retour.

    Je me suis relu, et mon dernier commentaire est corrige. Je voulais dire "objectivement moins rose" et non pas "plus". Je suis d'accord avec toi. Paris et tout ce qui s'y attache n'a pas moins de valeur qu'une nuit a dormir dans la jungle. Je ne porte pas de jugement de valeurs mais je constate simplement qu'une vie difficile ne construit pas necessairement une personnalite dure et ecorchee. On peut etre bon et simple apres des experiences ameres.

    En tout cas je suis heureux de lire de rapides mots sur cette soiree que tu racontes et qui semble avoir ete particuliere. Je revois le Cafe de l'Industrie et son ambiance qui amene a la discussion, a l'echange et a la decouverte de l'autre. J'aimerai commander une bouteille de rouge et une planche de fromage et argumenter sur des differences de points de vue, sur les differentes manieres de voir notre monde.

    A tres bientot mon ami

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  16. je ne veux surtout pas m'immiscer dans votre dialogue (très passionnant comme d'habitude), j'ai d'ailleurs une nostalgie douce à penser à ce duo de point de vue, christophe toujours en défendant que les roots ou du moins ceux qui le prétendent ont tord de tout rejeter de notre société actuelle... Je souris à lire ton texte, c'est du christophe craché, et à lire celui de Séb ou de relire le mien. ça me fait penser qu'il est urgent que je vous revoie dans cette discussion dès ton retour Séb !!

    Vous êtes juste parfaits !!!
    sarita.

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