lundi 15 mars 2010

Quand l'eau arrive dans le Sud

Une fois de plus 6h de bus pour quelques 300km. Le bus est correct. Pas d'incidents techniques. Je croise les doigts car certaines personnes m'ont raconte que leur bus etait tombe en panne une fois sur 2, provoquant des 2 a 4h de retard. Je suis beni. J'arrive sans contretemps.

Pakse est une ville a taille humaine. Le quartier backpackers est relativement petit mais l'ambiance est agreable. La seule chose c'est qu'il y fait beaucoup plus chaud qu'ailleurs. La chaleur est ici assomante. Elle tue toute motivation.


Sur le terrace de mon hotel, je croise un couple de Danois qui, a en juger par ce qui se trouve par terre, des bouteilles de biere, sont assis depuis un petit moment. Il est 18h. Je leur dis bonjour, discute rapidement et vais prendre possession de ma chambre. Douche et me voila assis avec eux, une Beerlao fraiche en main, profitant cette fois ci de la chaleur!! En discutant je comprend que seul le Danois a bu les 4 bouteilles de biere, toujours de 650ml, et il est donc plutot jovial. Sa copine le regarde d'un air amuse et protecteur.

De fil en aiguille on se retrouve etre un petit groupe de 6. Un Americain, un Suedois et une Allemande nous rejoigne. Direction le restauant. Le contact passe pas mal avec le Suedois. Je le vois parler a la serveuse et quelques instants plus tard, me montrer une bouteille de lao lao. Son geste me parait plutot clair : "On se la partage?".

C'est parti. Les occasions ne sont pour moi pas si frequente de passer une soiree arrosee. J'accepte l'invitation avec plaisir.

Et voila qu'un Francais s'assieda cote de nous. Il a un look particulier. Une seule dread, longue, sur le cote. Le reste etant une coupe "mulet" et des boucles d'oreilles bizarres. Mais c'est surtout son regard. Il semble cacher quelque chose. Il manque de sincerite. Le gars est jeune, entre 20 et 25ans.

Je bois ma bouteille avec mon ami Suedois. On se debrouille pas si mal. En mangeant et en discutant, et avec une pointe de Coca Cola, on discute agreablement. Puis vient le moment ou certains rentrent et ou d'autres veulent gouter aux bars locaux de Pakse. Je fais parti du second groupe. Le Francais nous propose de nous presenter ces lieux. Il est 22h et autour de nous tout semble s'eteindre tout doucement.

Je me retrouve a discuter enfin avec lui. Il est au Laos par intermitence depuis 6ans. Il fabrique des bijoux et est defitivement bizarre. Au detour d'une rue, le groupe nous suivant derriere de quelques metres, il me lache un :"Et si tu veux trouver des girls ou des littles boys, et bien je peux te montrer le lieu". Je ne veux pas croire ce que j'entend. Le ralentit sans le vouloir. La dessus les autres nous rattrappent. Je repete en aparte au Suedois qui me dit qu'il a surement dit "lady-boys". Je me refugie dans ce doute. Ce que j'ai "cru" entendre ne m'est pas acceptable.

Nous ne trouverons au final pas de bar. Juste un restuarant qui nous vendra quelques bieres en plus. Pas de musique, pas de quoi-que-ce-soit. Pas contre, en marchant simplement 15minutes, nous nous sommes perdu. Le Francais ne parvient pas a nous orienter. Chose encore plus bizarre dans une ville aux rues perpendiculaires, grande comme un quartier. Le sentiment general est unanime, on s'eloigne de ce type qui n'inspire a personne confiance ni respect.

Soiree +1 jour. Je me repose de la soiree longue et arrosee. Je dejeune au meme restaurant. Le Suedois, Joaquim, me rejoint, puis un Espagnol et un couple de Francais atable a cote de moi se greffe a la discussion. La chaleur est toujours etouffante. Aucune motivation pour la journee. Elle commence meme a entamer celles des jours qui suivent. J'envisage deja de quitter cette ville pour me refugier aux 4000 Iles, plus fraiches et bordees par le Mekong.
Mais c'est sans compter sur les Francais que je viens de rencontrer. Ils souhaitent faire la meme boucle que moi. Le Plateau des Bolavens. Zone de plantations de toutes sortes: the, cafe, litchis, palmiers...Le trio qui se forme rassemble assez d'energie et de motivation pour briser cette chaine d'inertie. On se leve, on salue les autres qui partent pour Bangkok, puis on fait le tour des magasins de location de scooter. On a trouve ce qu'on veut, des automatiques. Depart le lendemain a 9h pour Tad Lo et ses cascades.


Le lendemain. Depart a 10h. La traversee de la ville est plus longue que prevu. Pakse est en fait bien plus grand que le quartier des backpackers que nous avons vu. Previsible mais nous sommes tout de meme surpris.



Apres une 40aine de minutes, nous arrivons a la premiere cascade. Notre crainte initiale d'une chute d'eau assechee, relative a la saison actuelle, disparait aussi rapidement que nos pas nous rapproche du lieu. On entend deja le choc de l'eau sur la roche. Petit pont en bamboo qui enjambe la riviere et nous sommes devant une cascade de 7m, entouree de roches qui me rappelle ce que j'ai comme idee de la Chaussee des Geants en Irlande. Il y a pas mal de monde sur le site, mais c'est avec plaisir qu'on realise que ce sont des Laotiens. Le lieu est "localement touristique".


Stop de 20minutes ou nous profitons pour la premiere fois depuis quelques jours, de la fraicheur et direction Tad Lo pour notre apres-midi et notre nuit.

La route est agreable. Toujours ces champs brules de part et d'autres de la route. Je commence a m'y faire.

Apres quelques 2h de route, Tad Lo. Le parking pour scooter est juste en face de la cascade. On a donc immeditament la vue sur ces chutes d'eau immensemment larges.

Nous nous baignons, je me fais inviter par des Laos a manger et boire en leur compagnie. Ils ne parlent pas un traitre mot d'anglais. Ce sera langage des signes et les quelques mots de Laos que j'ai retenu. En guise d'echange, je leur paie des cigarettes. Et c'est de bonne humeur que je les laisse finir les enormes plats qu'ils ont ramene au bord de l'eau. De retour pres du parking, je retrouve les francais qui sont a cote d'un groupe de Laotiens qui passe l'apres midi au Karaoke. Bon moment ou nous essayons de chanter quelques chansons anglo-phones...c'est un echec mais ils rient de bon coeur.



Puis la recherche quotidienne du logement. Ce sera au milieu d'une ferme, a cote de la famille cochon et de la famille poulet. Tout est bon. Je peux donc me relaxer. Bien que le "stress" m'a quitte le jour ou mes fesses ont touche le siege de ce premier avion a Charles-de-Gaulle.

Je passe la soiree avec les Francais et un couple de Neo-Zelandais qu'ils avaient deja rencontre maintes fois au Laos. Petite partie de "trou du cul" ou de "ass hole" selon nos amis Kiwis. Les regles sont les memes. C'est enorme de voir que certains jeux sont internationaux.

Le lendemain, apres un dejeuner assez frugal fait d'un enorme pancake a la banane prepare par notre hote, Mama Tha Tha, je la conduis au marche avec mon scooter pour qu'elle puisse faire le plein de viande. A l'arrive, ce que j'ai sous les yeux n'est pas de la viande mais une nuee de mouches recouvrant quelques bouts de gras, de peau et d'abats. Je suis ecoeure. Serment de la journee, que j'espere tenir plus longtemps, plus de viande a partir de maintenant.

Les plantations defilent avec les kilometres. La route est correcte sauf par moments. Petite traversee de graviers et de pistes. Je laisse une nuage de terre rouge derriere moi. Tout est sec et aride. Chaud et poussieres.

Stop pour dejeuner et on laisse une averse noyer la route pour quelques minutes. C'est la 2eme fois que je vois la pluie ici en Asie. La premiere etait a Koh Pha Ngan, 5 emaines auparavant.

Le retour se fait de nuit, sur route mouillee avec pour completer une tempete de sable a l'arrivee en ville. On est content d'etre revenu. De prendre une douche bien meritee et de booker notre ticket pour les 4.000 Iles pour le lendemain matin.

Les 4.000 Iles c'est un archipel formes par le Mekong qui s'etend sur toute la partie Sud-Ouest du pays. Deux iles rassemble l'ensemble de la population touristique : Don Det et Don Khon. Je resterai a Don Det, la plus calme.

3 jours de relaxation pur. Soleil , hamac, baignade, chutes d'eau et fruit-shake. Le paradis. Ici, il faut attendre pres d'une heure pour avoir son plat. Personne n'est presse, et les clients doivent suivre le rythme.

Pour la petite histoire, un ami commande des Fried noodle with vegetables puis change d'avis 10minutes apres avoir passe la commande. Une fois arrive dans la cuisine pour demander de changer, la femme lui repond : "Ah je ne savaisplus ce que vous aviez commande donc bien sur je peux changer votre commande". Et si l'interesse n'avait pas change d'avis, se serait-elle deplace? On en doute tous, mais ca nous fait bien rire.

Et le lendemain, autre histoire similaire. Commande passe de pancake a la banane. Le serveur prend la commande et part quelques secondes apres a velo pour aller chercher les ingredients chez le voisin...pour revenir 15minutes apres, un sac a la main.

Sans parler de la cuisiniere introuvable que tout le village se met a chercher, car elle seule sait faire les omelettes a la citrouille...resultat tout le monde me sourit. Tout le monde sait que je veux manger une omelette a la citrouille.


Les 4.000 Iles c'est ca tous les jours. C'est un lieu coupe du monde, ou on prend le temps de faire les choses. Meme les plus elementaires comme s'allonger dans le hamac. Pas d'urgence. Une vie a l'ecart ou les enfants traine en laisse un pigeon et non un chien. Leur vie est surement plus difficile que ce qu'on a sous les yeux, mais ici on est loin des soucis des grandes villes.


C'est avec ce sentiment d'apaisement que je vais quitter le Laos. Mes dernieres experiences ont ete bonnes. Riches et agreables. Direction le Cambodge.

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