lundi 21 juin 2010

Un coup de coeur immense, les Hmongs Noirs de Sapa

Train de nuit pour les montagnes de Sapa. Cette region au nord-ouet du Vietnam, proche des frontieres Chinoise et Laotienne regroupe la majorite des etnies du pays : Hmongs noirs, Dzaos rouges, Thais...

Cette destination sera ma derniere au Vietnam. Apres toutes ces bonnes experiences, j'en attend beaucoup. J'espere ne pas etre decu. Mais plusieurs choses vont dans le bon sens : les montagnes, la meteo plus fraiche et la presence de ces minorites.

Je me reveille un peu avant d'arriver a Lao Cai, pour prendre un bus pour Sapa. Le paysage est completement different. Il fait frais, humide, brumeux. C'est valloné, presque montagneux. Ca me plait. Je passe ma tete par la fenetre pour prendre une photo du style qui sera le mieux pendant ces 4jours : bonnet, echarpe, manches longues.


La ville de Sapa, peut etre plus un village selon les criteres Vietnamiens, est dans la brume lorsque j'arrive. Le lieu fait moins de 20.000 habitants, donc on s'y perd difficilement. Je me chope une chambre avec une vue superbe sur la vallee et les rizieres. Encore une fois j'adore cet air frais.

Je suis vraiment de tres bonne humeur, et fermement decidé à faire un homestay chez les Hmongs ou les Dzaos. Je souris donc a tout le monde. Je vois en effet comme on m'avait "prevenu" que les minorites sont beaucoup dans la vente des objets faits main. Certains trouvent cela epuisant, mais ma bonne humeur est solide. Je suis sur la place centrale et je me suis arrete pour parler avec des Hmongs. Seules les femmes vendent les objets, les hommes sont dans les champs ou conduisent les motos.


On discute plus avec les mains et avec le sourire qu'avec les mots. Leur anglais est basique, mais tout de meme suffisant pour leur faire comprendre que je ne ferai pas de "shopping" comme je m'amuse a les entendre repeter, mais que je veux rester dormir chez elles. Elles comprennent rapidement, je ne suis apparement pas le premier a demander cela. Le rendez-vous est fixe, demain devant l'eglise a 10h. Je n'y crois pas. Je suis a Sapa depuis 1h30 a peine et j'ai deja pris contact avec des Hmongs pour rester dormir chez eux...et sans agence.

Elles me font essayer quelques uns de leur "handicrafts", mais je n'achete rien. Je leur promet le shopping apres le homestay. Le deal est fait. Je les quitte en leur disant a demain.

Je quitte Sapa pour me ballader autour. J'emprunte la route a pied et voila les premieres rizieres en terrasse. C'est splendide. L'effet avec le soleil et cette brume qui vient et repart est magique.

Ce n'est apparement pas la meilleure saison pour les voir, car le riz n'est pas mure donc il manque des teintes de vert, mais je me "satisfais" de ce que je vois.



Les marches de la region possedent une curiosite : le poulet noir. Je ne parviens pas a savoir si c'est une couleur naturelle ou juste un coloris artificiel, mais la chair semble bien sombre. A cote de son frere pale, le contraste est assez drole.


Cette tete de veau ou de vache semble quand a elle trouver ca moins drole, mais je trouve l'image amusante. Un pied, un saut, une tete.


Mais un peu plus loin je perd ma bonne humeur avec cette triste image : des chiens en cage a cote de poulets. C'est clair, ce n'est pas pour en adopter un. Moi qui voulait gouter du chien, me voila un peu refroidit. C'est tellement bizarre et choquant pour un Occidental de voir ca que je commence a douter sur ma volonte de manger du chien.


Pendant que je regarde ces chiots dormir paisiblement, des tetes de poissons m'observent de leur billot. Je ne peux m'empecher de sourire a nouveau. Bizarrement un poisson mort amuse plus qu'un chiant vivant.


Le premier village que je vois est Lao Chai. C'est le plus facile d'acces de Sapa. Il possede des routes, un pont, des restaurants...bref c'est un lieu touristique. Pourtant passe ces quelques details, je suis surpris de voir a quel point le lieu reste tres traditionnel et agraire. Je dirai presque authentique. J'espere que le village de mes amies Hmongs sera plus recule et que je ne verrai pas passer les camions de la maison.


Sur le chemin du retour je vois beaucoup d'enfants, marchant, portant des legumes ou des bebes. C'est bizarre de voir ca. Je ne sais pas trop quoi en penser. Les plaindre, leurs sourire, ne pas les regarder...prendre le droit de les prendre en photo. Je le fais car le moment est vraiment particulier. Ce petit garcon avec sa capuche, a l'ecart du groupe de filles est fascinant. Il me regarde, je ne peux resister a capturer ce moment.


Sur le chemin du retour, plusieurs motos s'arretent pour me proposer de me remonter a Sapa. Je leur dit que je n'ai pas d'argent pour voir qui me remontera "gentillement"...pres de 12 motos passent, ralentissent et puis continuent sans s'arreter, jusqu'a ce qu'un jeune sourit a ma reponse et m'invite tout de meme a monter derriere lui. On discute le temps du trajet et a l'arrivee je lui tend les billets en lui disant que je souhaitais simplement voir qui le faisait spontanement.

J'ecris cette histoire en Coree, et avec du recul je ne sais pas si je ferai la meme chose. Ce test est un peu puerile peut etre, vouloir voir de ceux qui n'ont pas d'argent est pres a etre desinteresse...C'etait peut etre stupide, mais apres cet echange avec les Hmongs, je voulais pousser l'experience plus loin. Au final, je n'aurais pas ete decu.

Diner et excellente nuit dans un lit doux, grand et propre. Je me reveille de bon matin pour aller au fameux rendez-vous, impatient comme jamais.

Elle sont la. Elles sont deux. On fait les courses avant de partir et nous voila a quitter la route pour emprunter les chemins de terre. Je suis rassure de voir que nous ne marchons pas sur l bitume comme j'ai fais hier. Nous montons les collines, nous marchons dans ces paysages qui pour moi ne sont pas ceux du Vietnam, il pleut mais nous continuons, nous nous arretons pour manger ces sandwich a la banane, et apres 4heures de marche et de paysages epoustouflants, nous arrivons enfin dans leur village.


Il est comme je l'esperais. C'est une espece d'immense ferme, faite de maisons en terre, de cultures de riz, de buffe d'eau, de forets de bamboo. Et toujours cette brume qui baigne ce pays lui donnant une allure d'ancien temps, de legendes celtiques dont plus jeunes j'etais si sensible.



La famille de Tsii est d'une rare gentillesse. Tous ces membres le sont. Un mari avec un visage incarnant la bonte, des filles souriantes et au service de leur mere, un fils jeune et turbulent martyrisant gentillement les poules des environs. Je suis la pour cette apres-midi et pour la matinee du lendemain.



Je mange a nouveau un repas simple mais succulent : riz, plantes vertes me rappelant des epinards, bouts de gras de porcs, nouilles achetees au marche. Et je vais me ballader dans le village : visiter la maison de son amie Tchu, regarder les jeunes du village s'entrainer a la conduite des motos dans la cours de l'ecole, marcher dans la foret de bamboo, prendre des photos du mari de Tsii qui fabrique un coutelat Hmong, fumer de cette herbe a la pipe qui me rappelle vaguement un gout connu. Et la nuit arrive, ma journee a ete bien remplie.

Une fois le repas fini nous nous dirigeons devant la television. Aussi recule que le village soit, ils ont l'electricite et une television. Un DVD est place dans le lecteur et nous ecoutons une dizaine de chansons d'amour Vietnamiennes avant d'eteindre et de se coucher. Le lit est cosi et son epaisse et lourde couette brodee me donne l'impression de vivre pendant quelques instants dans le passe. L'absence de chemine fait que l'odeur de feu dans la maison est tres forte. Dehors, la pluie commence a tomber, je m'enfonce plus profond dans le lit et me replit pour que mes jambes ne depassent pas de ce lit trop petit pour ma taille.

Je me reveille en voyant la petite famille s'activer dans la maison, pour preparer le premier repas de la journee. Le mari me sert a 6h30 du matin des petites verres d'alcool local. La politesse me fait accepter. L'effet est assez rapide a cette heure matinale.

Et apres quelques discussions et moments dans le village, je me vois proposer de faire du "shopping". C'etait le deal donc j'accepte avec plaisir, d'autant que les couteaux que le mari travaillait la veille m'ont tout particulierement interesse. Je sais deja qui recevra ces souvenirs!
Apres ces achats qui ravissent grandement mon hote, je me vois offrir bracelet et bagues que je remercie avec d'un immense sourire.



Mon sejour se termine. Je prend le chemin du retour vers l'arret de taxi-moto avec sur le trajet, la convergence de toutes ces femmes Hmongs et leurs filles qui retournent a Sapa pour vendre des objets et acheter de la nourriture. Je realise que je viens de partager un quotidien loin du mien. Un moment tres fort, qui me fait penser a ce trekking au Laos. Mais le fait que j'etais le seul et unique "touriste" dans ce village, ainsi que la maniere dont s'est deroule mon sejour en ont fait un moment peut etre encore plus fort. Au moins different.

Je quitte Sapa et le Vietnam le lendemain pour entrer dans l'Empire du Milieu.

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