mercredi 9 décembre 2009

Les états d'âme du voyageur

Il m'arrive souvent de penser à mon droit de voyageur. J'entends mon droit vis à vis des habitants; à les observer, les épier, les prendre en photos pour en faire une "belle photo", ou pire, un simple "souvenir". Ce sentiment se retrouve exacerbé par la pauvreté du lieu ou du pays, transformant le malaise initial en voyeurisme, faisant de moi non plus un voyageur mais un touriste.

Le voyage est pour moi motivé par un désir sincère d'ouverture sur le monde, sur sa diversité, sa beauté, ses excès et ses injustices; cela, tout en conservant un respect profond des peuples de ses différences.
Dès lors se pose la question de la manière de respecter cette volonté. Comment garantir la sincérité et la pérénnité de cette démarche alors que notre mode de fonctionnement occidental, axé sur l'individualisme, la standardisation et le matérialisme, est si différent? Comment préserver cette authenticité alors même que toutes nos influences quotidiennes nous poussent à consommer chaque instant, à posséder ce qui nous entoure pour mieux le partager en photo ou en histoire.


Sommes-nous trop faibles pour rester ferme sur nos intentions? Je le suis, je l'ai été. Au cours de mes voyages, ou devrais-je dire de mes vacances, j'ai agi en consommateur de souvenirs. Je suis rentré dans ce moule du "vite profiter pour passer à l'expérience suivante". Je ne le regrette pas pour autant, car il n'est pas toujours facile de prendre le temps de ressentir les choses. Nous ne sommes pas habituer à cela, et il est dur d'aller à contre courant.

J'ai pourtant bon espoir que ce périple me permettra d'appréhender une autre forme d'expériences. Plus proche de l'humain, plus proche de l'authentique, plus sincère avec les autres et avec moi même. Je pars donc avec cette volonté profonde de prendre le temps, de ne pas gaspiller pour avoir plus, en croyant ramener plus.

Je garde néanmoins l'envie de montrer à mes proches comment peut être la vie ailleurs, comment on vit dans cette partie du monde; du moins pour ceux qui ne l'ont pas vu de leur propres yeux. Je tâcherai donc de conserver ce fil directeur dans les clichés que je prendrai, de voir le moment présent et non déjà l'envisager en souvenir à immortaliser. De voir l'être avant d'y voir l'objet.

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