dimanche 18 avril 2010

Phnom Penh, une capitale Asiatique parmi d'autres

Apres 4heures de bus, j'arrive a nouveau a Phnom Penh, capitale de ce pays de 14 millions d'habitants. Seul cette fois ci. Pauline et Francois sont toujours a la plage.

Au programme quelques demarches administratives, une matinee passee a graver les photos, cela represente tellement que ca me suffit en soit pour "faire" ma journee. Et visite de la ville a pied. Comme ailleurs, chaque croisement de rues est accompagne d'une proposition d'un taxi-moto. Chaque croisement est donc suivi d'un "No thank you". Parfois une fois suffit, parfois il faut le repeter 3 fois, 4 fois. J'essaie de rester patient, souriant et comprehensif. Pour le moment, les Cambodgiens n'ont pas reussi a mettre ma patience en echec. Rude epreuve mais apres 3 mois en Asie, on apprend a prendre du recul, prendre son mal en patience et surtout a se mettre a leur place. Imaginer rester assis toute la journee sur sa moto a proposer leurs services aux passants, avec la meme phrase "Motorbike Sir?". S'imaginer ca quelques secondes me suffit a leur renvoyer un sourire ue je souhaite agreable et desole, a ces travailleurs inhabituels.

Direction le Camp S21, ou Tuol Sleng. Ancienne ecole primaire, ce lieu a ete la prison politique des Khmers rouges de 1975 a 1979. Une visite pas agreable mais dont je me dis qu'elle est necessaire.

Nouvelle surprise sur la chemin pour m'y rendre. Gilles et Chrystelle que j'avais quitte a Angkor. Le couple de Francais avec qui j'avais fais le Sud du Laos. Ils s'y rendent aussi. Nous allons ensemble. Ce n'est pas le meilleur endroit pour echanger sur nos parcours respectifs depuis notre separation.

Avant meme de rentrer, plusieurs estropies, handicapes, anciens tortures nous assaillent, demandant de l'argent. Certains sont tellement defigures qu'il en est meme impossible de les regarder, la tete veut donner mais le coeur ne peut faire face a pareil injustice. Je donnerai donc mon argent au Musee, esperant une redistribution aux victimes.

Il n'y a pas grand chose a dire du lieu. C'est le genre d'endroit qui se vit et qui ne se descrit pas. Personne ne parle, tout le monde a une boule en travers de la gorge, tout le monde hesite a prendre des photos...on se sent tous desole de ce qu'il s'est passe. On aimerait pouvoir effacer de leurs memoires les tortures qui ont eu lieu ici, mais la memoire est peut etre ce qu'il leur reste de plus cher.

Avec Gilles, on realise que ce sont aussi des enfants, des femmes, des vieillards...dans la majorite des civils. Et que faire avouer a des civils? Rien. La torture n'avait aucun but, seulement leur demander de s'excuser de porter des lunettes, d'avoir les cheveux longs ou de simplement avoir un frere intellectuel. On estime a 17.000 personnes le nombre de tues dans cette ancienne ecole. 17.00 personnes tuees pour rien. Ce n'est certes pas le seul lieu sur Terre de ce type, mais marcher la ou d'autres ont marche en souffrant est plus difficile que je ne pensais. On est partage entre la volonte d'essayer de "ressentir" ce qu'il s'est passe ici, et le sentiment horrible d'etre submege par tant de cruaute. Je me force a regarder les portraits des victimes. Mais il y en a trop. J'arrette, je sors.

J'apprend que les Khmers ont vides les villes de leurs populations. Phnom Penh a l'epoque ne faisait que 400.000 habitants. Ils avaient comme idee de ramener tout le monde a la campagne. Produire des quantites impossibles de riz pour etre autonomes. Tout ca causant la mort de plus de 2 millions de personnes. Sur un pays de 10 millions d'habitants a l'epoque, on comprend le traumatisme du pays.

Je ne mettrai pas de photos pour ce sujet. Elles n'apportent pas necessairement grand chose. J'en ai pourtant prises. Certaines pour me rappeller de ce que j'ai vu en ce lieu, mais chacun doit selon moi le voir de ses propres yeux, du moins s'il en ressent le besoin.

Phnom Penh ne m'aura pas conquis. C'est une ville en developpement, comme toutes ses consoeurs en Asie. Les propositions des tuk-tuk relatifs au passe du Cambodge ne me plaisent pas. Je ne peux que comprendre, mais se voir proposer "Killing fields, S21, shooting range?" n'est pas agreable. Et oui car a Phnom Penh on peut tirer au AK47. On paie pour se faire vibrer, pour faire marcher l'industrie des armes, on paie pour se sentir puissant quelques secondes.

Le tourisme a tout gache, ou peut etre que ce sont les Cambodgiens, l'Homme. Nous sommes trop venals pour pouvoir respecter ce passe sombre. L'argent m'aura ecoeure a Phnom Penh. Il y'a d'autres choses au Cambodge qui me restent. Je met cette partie la de cote pour garder le plus beau.

Demain un autre pays pour une autre histoire pas. Celle-ci n'est pas necessairement plus facile. Apres le Vietnam, j'en aurai fini de l'Indochine. Fini de ces pays ui ont souffert, peut etre plus que les autres. Mais meme pour ca je ne suis pas sur.

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